Monsieur l’Echevin, une réunion s’est tenue ce mardi 4 juillet 2023, à l’Hôtel de Ville de Charleroi, au sujet de la sécurité sur les chantiers publics. Qu’est-ce qui vous a motivé à organiser une telle réunion ?
Au cours des dernières semaines, nous avons dû déplorer plusieurs incidents sur les chantiers publics. Les travailleurs de notre service travaux et des entreprises de travaux publics ont été victimes d’agressions sur les chantiers. J’ai donc pris l’initiative d’organiser cette réunion afin de lancer un signal. Cela ne peut plus durer. Nous devons améliorer la sécurité des équipes présentes sur les chantiers.
Comment cette réunion s’est-elle déroulée ?
J’ai rassemblé une vingtaine de personnes qui représentaient chacune leur organisation : les principales entreprises de travaux publics, les services de police, les services de la ville de Charleroi. Tous les participants à la réunion ont partagé le même constat et la même inquiétude au sujet de la recrudescence de l’agressivité à l’égard du personnel présent sur chantier.
De quel type de manifestation d’agressivité parle-t-on ?
Le non-respect de la signalisation de chantier en termes de mobilité et de stationnement, des marques d’impatience par rapport aux nuisances du chantier (bruit, poussière), agressions verbales ou insultes sur les réseaux sociaux… C’est très varié.
Ces manifestations sont le fait d’une petite partie de la population, mais dans certaines circonstances cela peut conduire à des situations dangereuses pour les équipes… mais également pour les citoyens eux-mêmes !
À quoi pensez-vous ?
Lorsque nous procédons à des opérations d’asphaltage, il est indispensable de fermer la voirie à la circulation le temps que l’asphalte durcisse et que les équipes veillent à la bonne exécution de cette phase du chantier. Les camions arrivent avec du tarmac à 170°, et celui-ci est posé en chaussée à cette température. C’est une opération compliquée, stressante et dangereuse pour les équipes. Il arrive très régulièrement que des automobilistes tentent de forcer les barrages pour se ruer avec leur véhicule sur un revêtement qui vient d’être posé à cette température. C’est extrêmement dangereux pour les travailleurs et pour l’automobiliste qui va irréversiblement endommager son véhicule.
Que faut-il faire pour éviter cela ?
Respecter la signalisation de chantier et les consignes données par les équipes présentes sur place. Nous sommes attentifs à ce que la police soit présente le plus souvent possible pour ce type d’opération, sachant qu’il n’est pas possible de mobiliser les services de police partout, tout le temps, sur l’ensemble de nos chantiers.
Parmi les mesures qui ont été évoquées à l’occasion de votre réunion, quelles sont celles qui méritent d’être mises en évidence ?
Tout d’abord, nous en appelons collectivement à un sursaut citoyen.
Les personnes qui travaillent sur les chantiers sont des personnes qui ont pour mission de faire de Charleroi une ville plus belle, plus agréable et plus sûre. Les équipes travaillent pour la population. Ce sont des personnes qui ont des familles, des enfants, qui font un travail dangereux, en plein air, par tous les temps. Elles méritent le respect et la considération.
Nous n’avons pas de moyens de contrainte à ce sujet, mais nous pensons qu’une grande partie de la population peut comprendre qu’il est indispensable de les protéger.
Et au niveau de la circulation ? Il peut être exaspérant pour des automobilistes, vu la multiplication des chantiers, de subir les encombrements et les déviations qui y sont liées…
Nous en sommes tout à fait conscients. Mais il faut savoir ce que l’on veut : on ne peut pas vouloir une ville qui se rénove rapidement et en même temps refuser de devoir subir toutes les contraintes liées à la gestion des chantiers. Nous avons réfléchi avec la police et les entreprises à des solutions qui permettraient d’améliorer la signalisation sur les chantiers, notamment dans la préparation de nos cahiers des charges.
Est-ce que cela suffira ?
Non, bien sûr. Nous veillons également à améliorer la communication entre tous les partenaires : services communaux, services de police, entreprises de travaux publics. Nous voulons par exemple améliorer la réflexion relative aux plans de déviation grâce à un meilleur usage des analyseurs de trafic de la police, en amont de la préparation des chantiers. Nous voulons également mieux communiquer avec des applications du type Waze pour que les itinéraires alternatifs soient mieux intégrés dans les parcours des usagers de la voie publique.
Et en termes de répression ?
La police veille à l’application du Code de la route. Sur les chantiers et en dehors des chantiers. Elle est chargée de la verbalisation des véhicules qui ne respectent pas la signalisation de chantier. Dans certains cas, elle placera des Lidars aux abords de certains chantiers particulièrement critiques.
Notre but n’est certainement pas de vouloir frapper les contrevenants au portefeuille pour le plaisir. Mais nous n’avons pas le choix : une approche plus rigoureuse devra être adoptée afin d’améliorer la sécurité sur chantier.
Il y a également parfois des vols au niveau de la signalisation de chantier…
C’est vrai, nous devons tous le déplorer. Je vois deux cas. Il arrive que des riverains eux-mêmes se débarrassent de la signalisation de chantier pour éviter d’en subir les contraintes. C’est tout à fait inacceptable et nos services de police seront intransigeants à ce sujet.
Il y a parfois un autre phénomène. Certains panneaux de chantier peuvent être des trophées pour des guindailleurs en tout genre… On expose ça dans les arrière-cours ou dans les kots. Ce type d’agissement pourrait prêter à sourire s’il ne mettait pas en danger les personnes qui vivent dans les quartiers concernés ou qui travaillent sur les chantiers. Je leur demande vraiment d’en prendre conscience.