François Payen – Mettre le focus sur nos lieux de vie
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A quel moment as-tu envisagé de te présenter ?

J’y songeais déjà en 2018. Je n’ai pas insisté. Ce n’était pas le bon moment. Il y a quelques mois, j’ai approché Eric Goffart pour en discuter. J’ai pu me rendre compte que nous avions une vue assez similaire sur notre Ville et son avenir. Pour être honnête, j’ai toujours su que je ferais un jour de la politique locale. Je m’y intéresse depuis mes 12 ans.

Un lien avant ton grand-père, Raymond Payen ? Qui fut, rappelons-le, le dernier bourgmestre de Jumet. Elu en 1970, six ans avant la fusion qui a réuni 14 communes autour de la Ville de Charleroi. Quel souvenir en as-tu ?

Des souvenirs personnels, très peu. Il est vrai qu’il a eu onze enfants. Et vingt-cinq petits-enfants ! Je ne l’ai pas vraiment connu. A son décès en 1997, j’avais 9 ans. Mais on m’en a beaucoup parlé !

« Mon grand-père Raymond Payen ? Humble et intègre, à l’écoute des gens »

Bon-papa était membre du PSC, l’ancêtre du cdH puis des Engagés. Jumet était un bastion socialiste depuis 70 ans. Il s’allia avec le Rassemblement wallon et la liste commune l’emporta.

On t’en parlait, donc, que disait-on de lui ?

Que c’était un homme humble et intègre, à l’écoute des gens. Un homme de terrain, attentif et serviable pour tous ses administrés. Il ignorait les barrières partisanes, était apprécié par des gens qui ne partageaient pas nécessairement ses convictions.

Mon papa, Marc Payen a suivi sa voie du service collectif en s’engageant dans le syndicalisme. Permanent de la CSC-Enseignement, puis secrétaire général adjoint, il a terminé sa carrière en tant que conciliateur social fédéral.

Depuis toujours, mes parents suivent à l’actualité. A la maison, c’était deux JT tous les soirs ! C’est par ce biais que je baigne dans la politique.

« Membre du premier Conseil consultatif des jeunes »

Avec une telle ascendance, j’aurais pu soit me détacher nettement de la politique, soit m’y engager. Je l’ai fait tôt, à 15 ans – j’en ai 36 – en postulant au premier Conseil consultatif des jeunes de Charleroi. J’ai fait deux mandats : 2003-2005 et 2005-2007.

J’avais choisi la commission Sports/loisirs.

Pas de lien avec les partis ?

Non. Le lien, c’était avec le Conseil communal des « grands » : nous étions également 51 membres Une belle expérience. Nous apprenions à débattre, entre jeunes qui n’ont pas nécessairement les mêmes centres d’intérêt, les mêmes références.

J’ai le souvenir d’un beau projet, un skatepark que l’on avait imaginé en dessous du viaduc, à Couillet. Malheureusement, cela n’a pas été retenu. Nous avons également organisé des journées « Ville propre », on est encore loin de cet objectif hélas…

En voyage en Italie, avec le Consultatif des jeunes de Charleroi

« De la Nouvelle Gazette à la Maison de la Presse »

Mais ce qui m’a le plus marqué et carrément dégoûté, c’est ce que l’on a appelé les affaires de Charleroi. J’avais été désigné par le Conseil pour accompagner la délégation carolorégienne présidée par le bourgmestre, Jacques Van Gompel lors d’un séjour à Italie, à San Costanzo dans les Marches. Il a dû rentrer précipitamment.

Au-delà des faits délictueux révélés par l’enquête, j’étais choqué par la dégradation de l’image de la Ville.

Tes études ?

Un master en journalisme. J’ai débuté à La Nouvelle Gazette avant de bifurquer vers l’événementiel. Je m’occupais de la gestion de la salle de la Carrosserie à l’abbaye d’Aulne à l’époque du traiteur Etienne Dufiefs.

Quand il a remis son affaire en prenant sa retraite, je suis revenu dans la presse, collaborateur à Télésambre et désormais coordinateur de la Maison de la Presse. C’est un remplacement. Pour la suite, je verrai, j’avance en confiance.

Membre d’une grande et célèbre famille jumétoise, je suppose que tu as un lien fort avec La Madeleine.

Vous êtes bien renseigné ! 

J’ai commencé à quelques jours de mes 6 ans, dans les Pious-Pious du 1er Régiment d’infanterie de Ligne de 1870 qui a la particularité d’accueillir de très jeunes recrues.

J’y suis resté jusqu’à mes 17 ans. Puis j’ai rejoint mon frère dans les Lanciers de Heigne, qui sont les gardiens du drapeau de Sainte Marie Madeleine.

Je vois sur les photos que tu es cavalier. Tu montais déjà ?

Non, j’ai appris dans un manège à Courcelles. C’est exigeant, mais cela ne pèse pas quand on a la Madeleine dans le sang. C’est le cas de toute ma famille, dans la lignée de Raymond qui était commandant de la compagnie des Tirailleurs algériens.

« Un Payen dans quasi toutes les compagnies »

Une toute petite partie de la famille Payen, le dimanche après la Marche…

Nous nous réunissons toujours, le jour de la Madeleine pour le barbecue de l’après-marche. Nous sommes près d’une centaine. On a coutume de dire à Jumet qu’il y a un Payen dans quasi chaque société. Le précédent général, Jean-Claude Payen, était d’ailleurs un cousin. Il est malheureusement décédé juste avant le Tour 2023, à 77 ans, après 12 ans passés à la tête de notre marche.

Aujourd’hui, je marche avec la Marine belge de Roux, ce qui me permet d’être aux côtés de ma fille ainée, Juliette, 9 ans. La Marine de Roux est l’une des compagnies qui accueille les femmes. Fanny, 7 ans, la rejoindra l’an prochain. Suzie, 4 ans, devra encore patienter un peu.

Tu es donc favorable à l’intégration des femmes ?

« C’est nous les filles de la marine », pourra chanter Juliette !

Oui. Nous devons être plus inclusifs. Tout en respectant la tradition. L’évolution va dans le sens de l’intégration. Les femmes sont admises. Et comme certaines sont responsables de sociétés, il leur est désormais permis d’assister à l’Assemblée des Chefs.

« Investir dans les quartiers, là où les gens vivent »

Quelle est ta priorité pour Charleroi ?

Mettre le focus sur les quartiers, nos lieux de vie. Et cela concerne toutes les anciennes communes ! Nous sommes d’accord : le centre-ville avait besoin d’un renouveau. Il est urgent, maintenant de penser et d’investir dans les endroits où les gens vivent.

Je suis de Jumet Chef-Lieu, un des quartiers les plus délaissés de la Ville. On a y loupé le coche en concentrant le développement uniquement sur les zones économiques accueillant des entreprises, sans penser en parallèle à l’habitat à construire ou à rénover. Gosselies et dans une moindre mesure Ransart sont dans la même situation.

« Mettre en valeur l’attractivité visuelle »

Un élément qui n’est pas suffisamment mis en valeur, c’est l’attractivité visuelle.

Avec le parc scientifique et technologie de l’aéropole et ses 4000 emplois très qualifiés Charleroi dispose d’un potentiel fantastique dans des secteurs à haute valeur ajoutée. Je ne l’oublie pas. Je dis juste que la plupart de celles et ceux qui y travaillent n’habitent pas Charleroi, mais pourraient être tentés d’y acheter ou d’y louer un bien de la qualité de ceux qu’ils trouvent dans d’autres villes.

Il n’y a pas que dans le centre de Charleroi qu’il y a des maisons et des appartements à des prix plus compétitifs qu’ailleurs en Belgique. Notamment à Jumet. Je connais des acheteurs potentiels qui étaient intéressés, mais qui ont renoncé en raison de l’environnement, jugé trop négatif.

Une lamentable et irrespectueuse impression d’abandon…

On ne se rend pas suffisamment compte de l’impact désastreux pour un visiteur qui passe devant l’ancienne maison communale de Jumet. Elle est transformée en chancre, avec un arbre poussant en façade, le drapeau national en lambeaux. Outre l’impression d’abandon, c’est irrespectueux pour notre commune, pour les habitants en fonction de ce qu’elle représente.

Avec mes colistiers jumétois, nous voulons créer un véritable projet dans ce bâtiment afin qu’il soit mis à disposition des nombreuses associations jumétoises qu’elles soient folkloriques, culturelles ou citoyennes. Mais pour ce faire, l’initiative doit venir du politique avec de l’investissement public.

« Une ville propre, c’est une ville plus sûre »

Mais c’est d’abord à mes concitoyens actuels vivant dans nos quartiers que je songe en insistant sur la rénovation de leur cadre de de vie.

Le point noir qui exigera une prise en charge globale en alliant la prise de conscience et les sanctions, c’est le laisser-aller par rapport à la saleté. Comme si exiger une ville propre devenait un objectif impossible à atteindre.

Tibi fait un travail formidable mais ne peut rien contre l’irrespect et le manque de civisme. Les poubelles ouvertes, les dépôts clandestins, les papiers jetés par terre : nous connaissons, hélas, ce fléau.

Or une ville propre, c’est une ville plus sûre.

« Un plan ruelles »

Je veux aussi revitaliser notre patrimoine de sentiers et de ruelles. Rien de plus liant que ces chemins pour piétons et cyclistes. Le Ring vélo, c’est bien, mais les aménagements et l’entretien du maillage actuel, c‘est encore mieux. Je prône un plan ruelles avec un calendrier précis de réalisations similaire au calendrier de remise en état de la voirie, citée en exemple.

Cet objectif ne vise pas seulement l’agrément des promeneurs, mais favorise les contacts humains et le commerce local, remet du liant et du paisible là où on se plaint du bruit de l’énervement. Je rêve de pouvoir, comme avant, faire des courses à pied ou à vélo, en passant sans la moindre appréhension par les raccourcis des ruelles.

D’autres priorités ?

Oui, bien sûr. D’abord une piscine pour le public en particulier les enfants de Gosselies, Ransart et Jumet, pour remplacer celle de Gosselies, Aqua 2000, inutilisable depuis que le bâtiment a brûlé. Je plaide pour un accès équitable à des infrastructures et du matériel sportif de qualité pour tous les jeunes Carolos !

J’aimerais également que les Mouvements de Jeunesse soient aidés de la même façon que les clubs sportifs. Je m’y beaucoup investi durant ma jeunesse et mes filles ont également suivi. 

Je plaide aussi pour que la Ville aménage un site approprié pour les gens du voyage. Je sais que ce n’est pas très porteur, compte tenu d’incidents épinglés ces derniers mois. Et si des actes répréhensibles ont été commis, il faut agir pour qu’ils ne se reproduisent pas. Mais il est de notre responsabilité de proposer des solutions acceptables pour toutes les parties. J’assume ce projet qui me tient à cœur.


François Payen portrait

CV de François Payen

36 ans, séparé, trois enfants

Formation

  • Bachelier en Information et Communication UCL (distinction)
  • Master en Information et Communication, finalité journalisme UCL (distinction)

Expérience professionnelle

  • Journaliste à la rédaction de la Nouvelle Gazette de Charleroi (2011-2013)
  • Gérant d’une PME dans l’événementiel/Horeca (2014-2024)
  • Chargé de relations partenariales/Case Manager Aviq (​2021-2022)
  • Coordinateur de la Maison de la Presse et de la Communication de Charleroi asbl (depuis juillet 2024)

Activités annexes

  • Collaborateur indépendant à la rédaction sportive de Télésambre
  • Collaborateur indépendant à la rédaction sportive de L’Avenir

Qualités 

  • Dynamique, curieux, autonome et réactif

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