Fabrizzio Padovan – Shop in C, comme Charleroi commerce culture et compétences
Temps de lecture : 6 minutes

A quel moment as-tu décidé de te porter à nouveau candidat ?

Après m’être rendu compte que pour faire bouger les choses à Charleroi, on n’entre pas assez vite en action. La prise de conscience est postérieure à ma désignation de président de l’association des commerçants. Mon but est d’être plus près des organes de décision, d’où l’ambition de devenir conseiller communal.

Pourquoi les Engagés ?

Quand je me suis lancé en 2018, c’était clairement pour soutenir Eric Goffart qui effectue un excellent travail d’échevin. Je suis plus que jamais dans cet état d’esprit.

« Besoin d’un nouveau souffle »

Qu’est-ce qui a motivé ta candidature à la présidence de l’association ?

Elle a avait besoin d’un nouveau souffle. J’ai lancé mon salon de coiffure avec mon frère Lorenzo il y a 40 ans. Des crises, nous en avons connues depuis. Mais si on a tendance aujourd’hui à gommer la période Covid, ces mois de confinement ont tué des commerces et menacé ceux qui résistaient. D’où la morosité ambiante, le pessimisme. 

Vous avez eu peur de devoir fermer ?

Je ne connais aucun commerçant qui n’a pas eu peur de devoir fermer. 

Vous avez rebaptisé l’association qui s’appelait UCAC comme Union des commerçants et artisans de Charleroi en « Shop in C ». Une nouvelle coupe à la mode ?

(Sourire). Ce n’est pas qu’un lifting de façade. La référence montre clairement que nous voulons : revitaliser le commerce qui était un des secteurs les plus attractifs et les plus prospères de Charleroi. La ville n’était pas seulement cette cité rougie par les flammes des hauts-fourneaux, elle débordait d’animation dans ce qu’on appelle aujourd’hui l’intra-ring.

C’est à cela que nous nous sommes attelés. En partant d’une feuille blanche. Et si la mayonnaise a pris, c’est qu’elle répondait à une attente. Le commerce à Charleroi, ce sont 700 enseignes. Shop in C travaille pour tous !

« Tous dans le même sens »

Pierre Foucart, directeur de Rive gauche en est le vice-président. N’est-ce pas paradoxal quand on se rappelle les critiques que ce projet colossal, comme avant lui Ville 2, a suscitées, notamment pour l’avenir du commerce ?

Non. L’autre raison du succès de l’association, c’est la volonté de travailler ensemble. Rive gauche et Ville 2 attirent chacun plus ou moins 30 000 personnes par jour. Nous sommes complémentaires. Le but n’est pas de se battre les uns contre les autres mais d’augmenter globalement la chalandise. 

Et pour les « petits » commerçants, nous cela passe par la créativité, par exemple l’organisation d’évènements spécifiques. Comme la Saint-Patrick qui s’est déroulée au printemps de cette année sur la place du Manège. Le festival de food-truck, l’Oktober fiesse, et le renforcement des animations classiques du marché de Noël, de la Saint-Nicolas.

Nous avions également lancé l’opération Win-win qui touche les entreprises périphériques, soit 20 000 personnes qui bénéficient d’avantages promotionnels dans une trentaine de commerces.

Avec la Ville ?

Nous avons les meilleurs contacts. Les subsides ont été augmentés, en lien avec nos événements. J’insiste sur le fait que nous devons avancer dans un esprit de bonne collaboration, d’autant que si les grands travaux sont en voie d’achèvement, le chantier de l’attractivité est loin d’être terminé.

On voit encore trop de vitrines vides…

La situation de Charleroi n’est pas pire que celle des autres grandes villes même si elle paraît plus criante parce qu’elle est très concentrée et très visible dans certaines rues autrefois noires de monde et toujours citées comme exemples de déshérence.

Nous restons mobilisés en proposant des mesures touchant tous les secteurs d’activités. Il y a eu trop d’échecs dus à un manque de connaissance et d’expérience. 

« Passer de 30 minutes gratuites à une heure »

Avec Eric Goffart nous venions d’en publier dix.
Une d’elle concerne les outils d’assistance que les candidats repreneurs ont intérêt à connaitre, via des synergies avec des acteurs du développement de la Ville comme Charleroi Entreprendre. L’aide que l’association propose n’est pas assez utilisée.

Outre les critiques récurrentes concernant le manque de propreté et le sentiment d’insécurité, les visiteurs potentiels évoquent le manque de places de parkings et le coût.

Une des mesures que nous prônons est de passer de 30 minutes gratuites à une heure. Par ailleurs, le parking payant permet une rotation qui est bénéfique pour le commerce. Et il faut plus de souplesse. En rendant le parking gratuit le samedi et pendant les congés scolaires dans certaines zones, nous pourrions proposer plus de 2.000 places accessibles. 

Nous tenons compte aussi des critiques évoquées en demandant de renforcer les actions pour des rues commerçantes propres ainsi que  la présence policière dans les zones commerciales. 

Et ce n’est pas parce que nous collaborons avec les centres commerciaux que nous en accepterions l’installation de nouveaux. Nous demandons au moins une pause.

« Créer des communautés de clients »

Le terme « salon » pour l’enseigne « L&F », comme Lorenzo et Fabrizzio, porte bien son nom. On n’y vient pas que pour se faire coiffer : c’est une  communauté de clients, des lieux d’échanges les plus prisés du centre-ville. Quelle est votre recette ?

Nous ne sommes pas les seuls coiffeurs dans le cas ! Et il me plaît de citer tous les exemples de réussite qui incitent les jeunes à investir.

J’insisterais sur un point : la fidélité de la clientèle. Des personnes viennent chez nous depuis 40 ans ! J’insiste sur ce point après une conférence récente donnée par Jean-Luc Calonger un des meilleurs spécialistes de l’attractivité commerciale. 

Comment contrer la concurrence et l’e-Commerce ?

Un de nos atouts, y compris par rapport aux centre commerciaux, c’est de pouvoir favoriser une communauté de clients dont nous connaissons les attentes, les sensibilités confiées au cours de nos échanges. Le contact humain reste irremplaçable. Il faut se réinventer.

Vous êtes officiellement prénommé Fabrizzio ? La volonté d’affirmer votre identité italienne ?

Pas spécialement. Mes parents m’ont donné ce prénom dans la langue qu’ils parlaient. Ils venaient de la région de Bolzano dans les Dolomites. J’aime l’Italie, comme beaucoup, italiens ou non et c’est en Belgique que je suis né, où je fais ma vie. Je suis toujours italien, tout en le parlant à peine. J’ai demandé la double nationalité. Je n’oppose pas, c’est l’une et l’autre. J’ai l’âme d’un Belge, en gardant mon sang méditerranéen.

Même lors d’un match Belgique-Italie ?

(Sourire). C’est pareil. L’une et l’autre.

« Le Sporting club de mon cœur »

De toute façon, plus que les équipes nationales, mon club de cœur, c’est le Sporting de Charleroi dont je suis supporter, quasi depuis que je suis bébé. Mon père était acharné.

De la nostalgie en évoquant l’époque où l’on connaissait le nom de chaque joueur alors qu’aujourd’hui il faut plusieurs matches avant de les identifier sur la pelouse ?

De la nostalgie non, même si à la question sur les joueurs qui m’ont marqué, je citerais Philippe Albert, Olivier Suray, Par Zetterberg, Dante Brogno, d’autres encore de ces années-là. 

Le Sporting s’inscrit dans l’évolution pyramidale du football actuel. Qu’ils soient issus du club ou transférés, les joueurs ont l’ambition de se hisser dans un club plus huppé. On ne peut rien faire à cela. Ce n’est plus l’esprit de clocher d’avant mais la ferveur du soutien ne change pas.

Que gardez-vous de vos parents ?

Une bonne éducation. Mon papa a commencé par travailler dans une mine, peu de temps, avant d’exercer plusieurs métiers, toujours en tant que manœuvre. 

Nous étions trois garçons – Gianni est décédé dans un accident de voiture ; il avait 21 ans. 

Nous vivions dans des conditions très modestes. Mais nous ne manquions de rien. Mes parents avaient des principes solides, de la fierté aussi, soucieux que leurs enfants soient toujours polis, bien habillés.

Mon père est décédé il y a 23 ans. Il aurait plus de 100 ans aujourd’hui. Maman est toujours là.

« La place de la Digue, la bonne direction »

Quelles études ? 

(Sourire). Les rencontres ! A commencer par celles du Salon. Mon frère et moi avons tout appris au contact des clients.  

Je n’avais pas 14 ans quand j’ai commencé comme apprenti coiffeur. Le lundi, j’avais cours à l’IFAPME qui venait de s’ouvrir à Gilly, tout près de chez nous qui habitions Lodelinsart. Les quatre autres jours, j’apprenais mon métier de coiffeur sur le tas. 

Optimiste pour l’avenir de Charleroi ?

Nous devons l’être. Aux sceptiques, je dis : voyez l’évolution de la Place de la Digue. C’est la bonne direction, l’exemple à suivre. Attendez l’arrivée des étudiants du nouveau campus, dont beaucoup occuperont un kot situé dans le prolongement de la rue de la Montagne.

Ils apportent leurs goûts, leur appétit, leur dynamisme. C’est un nouveau Charleroi, une nouvelle culture. Shop in C, c’est C comme Charleroi, C comme commerce, C comme culture.

Et comme compétence ?

Evidemment.



CV de Fabrizzio Padovan

Coiffeur

Situation

  • 57 ans
  • En couple, trois enfants, un petit-enfant

Formation

  • Coiffeur

Profession

  • Coiffeur depuis 43 ans
  • Président de Shop In C, (l’association des commerçants de Charleroi), depuis 3 ans

Qualités 

  • Capitaine d’équipe – Fédérateur – Tenace – Déterminé

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