Ce lundi 6 février 2017, l’actualité est double sur le dossier Caterpillar. Et chaude.
D’une part, Le Soir dévoile les contours du programme de redéploiement de l’activité économique préparé par un groupe d’experts.
D’autre part, sur le site, certains travailleurs montrent leur colère et une action de 24h a débuté ce lundi matin avec la mise à feu d’un engin de chantier.
Un combat de CatCh pour demain
Je l’écrivais sur ce blog, jeudi dernier. Les autorités publiques, les organisations représentatives des travailleurs, et de près où de loin toutes les organisations qui structurent le paysage socio-économique de notre région doivent pouvoir, avec les moyens qui sont les leurs, continuer à soutenir les travailleurs de Caterpillar et de ses sous-traitants, et proposer toutes les alternatives possibles et crédibles pour la reconversion du site de Gosselies.
Outre les négociations prévues par les procédures de la loi Renault, trois groupes de travail sont à l’oeuvre : un groupe « Wallonie », un groupe « Wallonie-Fédéral » et un groupe « Wallonie-Europe ».
En parallèle, un groupe d’experts, présidé par Jean-Pierre Hansen, et regroupant des industriels de la région, ainsi qu’un grand bureau international de consultants en stratégie, planche sur un rapport d’une centaine de pages pour définir un plan d’accélération et de croissance de l’emploi au départ des cendres de Caterpillar Gosselies.
Ce plan CatCh (CATalyst 4 CHarleroi – catalyseur pour Charleroi) a pour objectif de donner un cadre à la dynamique de reconversion d’un site et d’un vivier de ressources humaines, dans une sous-région très dynamique, et dotée d’atouts importants au plan économique.
Quatre secteurs à haute valeur ajoutée et fortement créateurs d’emplois
Au plan stratégique, il est indispensable d’éviter la dispersion des efforts et de mobiliser intelligemment les ressources disponibles.
Quatre secteurs à haute valeur ajoutée et fortement créateurs d’emploi ont dès lors été identifiés lors de ces travaux préparatoires :
- Industrie manufacturière de pointe ;
- Transports et logistique ;
- Santé et industries du vivant ;
- Créativité et numérique.
Sur base de ces secteurs, et de paramètres liés à des tendances macroéconomiques récentes et porteuses d’emploi et d’activité économique, le rapport met en avant 15 actions prioritaires, visant à créer entre 6.000 et 8.000 emplois sur dix ans, avec des effets tangibles dès les 3 ou 4 premières années.
L’ébauche de projets concrets
Sur base de ces priorités, et par la mise en oeuvre d’une méthode structurée, le groupe d’experts évoque des projets concrets, basés notamment sur d’incontestables atouts sub-régionaux.
La présence et le succès de l’aéroport de Charleroi permet ainsi d’envisager l’implantation d’un centre de maintenance pour l’aviation civile et militaire à l’aéroport de Charleroi.
La localisation du site au carrefour de très nombreuses voies de communication renforce la capacité du site à développer une logistique de niche, notamment dans le secteur de la bio-pharmacie.
La concentration d’institution hospitalières et de soins de santé, ainsi que le développement du bio-park (un millier d’emplois), permet également d’augurer le développement d’activités économiques à haute valeur ajoutée.
Ces quelques pistes et beaucoup d’autres, mieux développées dans le projet de rapport, doivent permettre aux autorités politiques, mais également (et je dirais surtout) aux décideurs économiques et aux investisseurs de proposer des pistes d’investissements dans les mois à venir, en se basant sur leurs expériences fructueuses, leurs succès économiques et leur savoir-faire.
Le rôle du politique en la matière est de faire preuve d’une excellente compréhension des enjeux (c’est déjà important), de fédérer et d’aider l’initiative privée, les entrepreneurs et les créateurs à se structurer, et à trouver un cadre d’investissement favorable au déploiement d’une activité économique qui permettra, pour le plus grand bénéfice de tous (travailleurs, investisseurs, entrepreneurs, et plus largement de la région de Charleroi) de construire, sur les cendres de Caterpillar Gosselies, un nouveau modèle de développement économique.
Le rôle du politique est également de faire usage de ses privilèges d’autorité publique pour imposer une reprise de la maîtrise du site, dans le respect du cadre légal et des fondements de l’Etat de droit. Je reviendrai spécifiquement sur ce sujet lors d’un prochain article.
Sur le terrain, l’expression d’une colère légitime
Pendant que les autorités politiques et les experts planchent sur la stratégie de redéploiement de Caterpillar Gosselies, les procédures liées à la loi Renault et aux licenciements collectifs suit son cours. Et génère de la colère.
Après la clôture de la phase 1 (information et consultation des travailleurs), on entre dans la phase 2 de la loi Renault (négociation des indemnités pour licenciement collectif).
Les représentants des travailleurs, en particulier des ouvriers de l’entreprise, sont clairement en colère et le font savoir.
La dynamique de négociation devra poursuivre son cours, mais la multinationale américaine doit traiter avec respect les travailleurs qui lui ont permis de générer des bénéficies pendant des dizaines d’années.
Et ce respect passe par des conditions de départ dignes, pour des personnes dont la vie professionnelle s’est trouvée complètement chamboulée par une décision unilatérale du groupe de mettre un terme à l’activité du site de Gosselies, dont l’avenir est très incertain, et qui, d’ici deux mois, se retrouveront sans activité au quotidien.
Gageons que les négociateurs qui représentent le groupe Caterpillar entendront raison, et ne contraindront pas les travailleurs à vouloir entamer avec eux… une partie de catch !